L'Assommoir - Émile Zola

Thom · February 24, 2022

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Cela fait quelques années que j’apprécie des livres de littérature classique comme Mémoires d’Hadrien ou La supplication mais ma dernière expérience en littérature classique un peu ancienne Crime et Châtiment a été un sombre échec. J’ai détesté, je me suis ennuyé… J’ai été bien refroidi à l’idée de poursuivre l’expérience. Mais, plusieurs personnes m’en ont parlé en bien. De plus, le sujet m’intriguait. Du coup, j’ai fini par me lancer. Par peur de m’ennuyer, j’ai lancé d’autres lectures en même temps… Mais finalement, c’est passé tout seul.

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L’Assommoir est un roman qui prend place dans la grande saga des Rougon-Macquart de Zola. On est dans le quartier de la Goutte-d’Or à Paris un peu avant 1900. D’habitude je ne donne pas vraiment ce genre d’info, mais là dans ce roman, les personnages et leurs histoires sont aussi là pour faire vivre ce quartier et cette époque.

On suit Gervaise, une jeune fille blanchisseuse qui boite un peu et vit avec un con Lantier avec qui elle a un fils. Très vite, elle se sépare de lui et elle commence à refaire sa vie. On lit alors de belles pages, on la voit se trouver un nouveau Jules, Coupeau qui est très gentil. Elle monte sa petite boutique, elle s’installe, elle a le droit a un “beau mariage”. Puis vient le premier incident. Elle s’en relève mais amoindrie. Elle retombe un peu amoureuse d’un autre ouvrier. Puis le second incident, elle retrouve Lantier. Son Coupeau se met à picoler sec…

On a vraiment une narration qui nous fait vivre les montagnes russes émotionnelles. On n’est pas non plus dans de l’apitoiement macabre. Les personnages ne sont ni des déchets, ni des sains. On ne s’attarde sur rien. On a juste l’impression de suivre leur journée et leur vie tel un spectateur. Finalement j’ai lu les 300 pages assez facilement. La narration est un plaisir et l’écriture aussi. Même moi qui ne suit pas un expert en belles lettres, je me suis arrêté plusieurs fois pour me dire “c’est quand même vraiment bien écrit”. Pour autant, on sent que la condition de la femme est vraiment rude à cette époque. On lit quand même quelques atrocité distillé simplement en quelques phrases par-ci par-là qui viennent nous mettre des coups de poings.

Depuis que le père Bijard avait tué sa bourgeoise d’un coup de pied dans le ventre, Lalie s’était faite la petite mère de tout ce monde. Sans rien dire, d’elle-même, elle tenait la place de la morte, cela au point que sa bête brute de père, pour compléter sans doute la ressemblance, assommait aujourd’hui la fille comme il avait assommé la maman autrefois.

Je m’attendais à un roman très, très dur. Peut-être tant mieux comme ça j’ai été agréablement surpris. Il y a une grande qui partie qui est vraiment belle. La vie de Gervaise n’est pas parfaite, mais elle semble encore heureuse. Il reste une descente au enfer vers la fin du roman mais là encore l’écriture ne donne pas dans le sordide et se contente du quotidien. On suit Gervaise sans jamais la juger. On s’attend à cette misère et il y a toujours cette petite touche d’espoir un peu perverse de notre part : “Est-ce qu’elle va s’en sortir cette fois ?”.

Derrière eux, l’Assommoir restait plein, soufflant jusqu’à la rue le bruit des voix enrouées et l’odeur liquoreuse des tournées de vitriol. On entendait Mes-Bottes traiter le père Colombe de fripouille, en l’accusant de n’avoir rempli son verre qu’à moitié.

Sacré lecture aussi marquante que plaisante. J’ai du coup prévu de poursuivre avec Germinal pour savoir un peu comment s’en sort Étienne le fils de Gervaise mais aussi pour retrouver cet auteur. Bref, à recommander chaudement si on est un temps soit peu tenté.

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